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33ème Dimanche du Temps Ordinaire

33ème Dimanche du Temps Ordinaire

« Tu m’apprends le chemin de la vie : devant ta face, débordement de joie ! » (Ps. 15)

Avec ce 33ème dimanche, l’avant dernier de l’année liturgique, nous allons refermer l’Evangile de Marc qui nous a guidé et éclairé notre foi tout au long des dimanches de l’année liturgique qui se termine.

Dans l’Evangile de ce dimanche, Marc nous rapporte le discours de Jésus sur son retour, sur l’accomplissement du Royaume de Dieu. Les textes de ce dimanche nous invitent à discerner dans notre histoire personnelle et collective les signes de l’accomplissement du Royaume de Dieu, du retour du Christ et l’enfantement du monde nouveau inauguré dans la vie, la mort et la résurrection du Christ.

Cette perspective et cette annonce du retour du Christ n’ont pas pour but de nous faire oublier le temps présent. Bien au contraire, ils sont une invitation à l’espérance, une invitation à œuvrer, chacun à  notre place, à l’enfantement et à la réalisation du royaume de Dieu. C’est cette conviction de foi que nous chantons dans ce cantique : « Le monde ancien s’en est allé…un nouveau monde est déjà né. »

Si en ce dimanche nous rejoignons une communauté chrétienne dans une église paroissiale, efforçons-nous de vivre l’eucharistie dans un esprit fraternel car sur terre nous devons être des compagnons de route solidaires tournés vers le Maître du monde et des temps.

Le passage du Livre de Daniel que nous écouterons en première lecture va nous replonger au 3ème siècle avant Jésus-Christ : Le judaïsme, la religion de Jésus, connaît alors une terrible persécution et nombreux sont les juifs qui sont mis en demeure de choisir entre sacrifier aux idoles ou être mis à mort.  Avant la persécution des premiers chrétiens, le peuple d’Israël a eu, lui aussi, ses martyrs.

A la question angoissante posée par la mort de ces innocents et martyrs, le Livre du prophète Daniel répond en faisant faire à la foi collective du peuple juif une avancée décisive. Dieu, affirme le prophète, ressuscitera les justes qui auront souffert pour leur foi.

Avec le livre du prophète Daniel nous sommes à la naissance de la foi en la résurrection des morts, foi qui continuera de s’affermir jusqu’à la venue, la mort et la Résurrection du Christ.

En écoutant ce récit, essayons d’écouter tous les cris de misères du monde d’aujourd’hui, pensons à tous les martyrs, y compris ceux qui meurent en martyrs pour avoir donner leur vie  dans le cadre  des associations humanitaires ou pour avoir donner leur vie dans leur combat patriotique et militaire contre toutes les formes de terrorisme.  Avoir la foi en l’homme jusqu’au sacrifice de sa vie et quelle que soit la religion pratiquée c’est un acte de foi qui s’inscrit dans la révélation de cette conviction que nous devons graver dans notre cœur et vision de notre société : « le monde ancien s’en est allé…un nouveau monde est déjà né ».

Le passage de l’évangile que nous écouterons après les paroles du prophète Daniel et qui annonce le retour du Christ peut, à première lecture,  nous paraître terrible et effrayant. Les paroles de Jésus que nous rapporte Marc sont comme la description du spectacle de la fin du monde. En fait, Marc utilise un langage qui était très habituel dans la pensée grecque de son époque pour parler du retour du Christ.

« Apocalypse » en grec, veut dire « REVELATION ». Mais dans notre culture occidentale ce mot apocalypse  nous fait penser plutôt à des catastrophes.  Si Marc fait obscurcir le soleil et tomber les étoiles ce n’est pas pour parler d’une menace et d’une punition de Dieu mais pour marquer que la création tout entière, en rejetant le mal destructeur, participe à la révélation du Royaume éternel de Dieu.  C’est comme si nous assistions à une seconde naissance, à une nouvelle création. Pour faire naître le monde nouveau, il faut faire craquer le monde ancien, celui du mal, celui où les forces de tous les égoïsmes sont vaincues par les forces du bien qui, croyons-le, sont majoritaires dans notre monde.

De même que l’enfant nouveau-né que nous avons tous été crie au moment où il entre pour la première fois dans la vie, de même l’humanité qui est notre mère nourricière et permanente crie au moment et chaque fois qu’elle est appelée à naitre à une vie nouvelle. Renoncer à des privilèges, à des égoïsmes personnels, c’est forcément douloureux.

Quand Jésus prononce les paroles que Marc nous rapporte dans l’évangile de ce dimanche, il est à la fin de sa vie, proche de son crucifiement. Devant le constat tragique du mouvement de l’histoire humaine et devant aussi son propre destin personnel de jeune adulte dont la vie va être brisée injustement à l’âge de 33 ans, Jésus proclame : « Quand vous verrez toutes ces catastrophes arriver…sachez que l’été est proche ».  C’est la belle saison qui s’annonce pour l’humanité comme lorsque le figuier bourgeonne et laisse éclater ses pousses tendres d’un nouveau printemps.

Jésus n’annonce pas de catastrophes pour l’humanité. Il annonce au contraire que l’heure des catastrophes  cosmiques et historiques sont l’annonce d’une prodigieuse espérance : « sachez que le Fils de l’homme est proche » Jésus annonce donc que l’été est proche pour l’humanité et qu’arrive l’heure de la réussite du monde. L’heure de la sortie des catastrophes et des souffrances de toutes sortes touche à sa fin. A nous d’y travailler, à enfanter un monde nouveau.

Comprenons que le « retour du Christ » qu’annonce Marc juste avant d’entamer le récit de la passion de Jésus  c’est l’annonce de sa Résurrections dont nous faisons mémoire dans la célébration de nos eucharisties dominicales et communautaires. On ne va pas à l’Eucharistie pour accomplir des liturgies  rituelles  mais pour  témoigner qu’un monde réconcilié est déjà  sauvé par l’amour de la vie du Christ totalement donnée pour la réussite du monde.

Dans notre monde actuel marqué par tant de catastrophes, de guerres, de haines, de rejets, d’exclusions, de racismes, d’intégrismes religieux et idéologiques, dans notre monde malade de son argent et de ses égoïsmes, l’Evangile de ce dimanche veut réveiller et stimuler notre espérance et éclairer notre lucidité. Il est temps  que les hommes, y compris nous chrétiens, accueillent l’amour sauveur du Christ. Tous les signes catastrophiques  de notre monde actuel sont les signes que l’heure de Dieu arrive, non pas une heure de condamnation, mais l’heure de la libération de tout ce qui déshumanise. C’est l’heure de réveiller toutes nos énergies d’amour et de solidarité.  Le règne de Dieu gagne secrètement du terrain dans notre histoire humaine. L’apocalypse de notre histoire contemporaine annonce que l’été d’un monde nouveau avance. Il avance dans la conscience de nombreuses femmes et hommes  qui savent donner de leur vie, de leur amour, de leur générosité, de leur temps,  de leur tendresse, et qui savent alerter sur tous les dangers à éviter ou à combattre, qui savent réveiller la conscience collective des hommes pour que notre terre reste et redevienne une mère nourricière universelle pour tous ses enfants de la terre, ses enfants de toutes les cultures et religions.

L’apocalypse de notre histoire contemporaine annonce que l’été est tout proche. Nous autres chrétiens, avec les armes de la foi, de l’espérance et de la charité,  soyons des artisans solidaires  et des annonceurs lucides et courageux de ce monde nouveau.

Père RAGON Jean Jacques