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29ème Dimanche du Temps Ordinaire

29ème Dimanche du Temps Ordinaire

« Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur »

Dimanche dernier, Jésus nous a transmis sa pensée sur l’argent. Dans L’évangile de ce dimanche Jésus nous livre sa conception du pouvoir. : « Vous le savez, ceux que l’on regarde comme des chefs des nations païennes commandent en maîtres, et les grands font peser leur pouvoir…Il ne doit pas en être ainsi parmi vous. »

 Si nous regardons le fonctionnement politique mais aussi religieux des pays du monde d’aujourd’hui on comprend tout de suite que la parole du Christ garde toute son actulité. Mais cette tentation de la domination sur les autres n’existe-t-elle pas aussi dans tous nos groupes humains civils et paroissiaux ?

Jésus n’est pas contre l’autorité. Dans toute institution, civile et religieuse,  il est indispensable qu’il  y ait une structure de direction. Jésus ne fait pas la promotion d’un monde sans hiérarchie, sans responsable. Il rappelle que toute autorité quelle qu’elle  soit doit être comprise, acceptée et exercée dans un esprit de service qui ne le situe pas au-dessus des administrés. Comme le rappelle le Christ à ses disciples, « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir. »

Comme chrétien, nous avons un Maître à écouter et à suivre. « MAITRE », c’est le titre que les Apôtres donnaient à Jésus mais en même temps Jésus n’a pas craint de remettre en place ses Apôtres qui avaient soif de privilèges. Jésus a été pour ses amis et pour nous chrétiens d’aujourd’hui, un BON MAITRE en ce sens qu’il a fait de sa vie une vie de serviteur : ce qui n’est pas le plus facile mais le plus honorable, y compris pour chacun de nous.

Jésus nous a donc appris qu’un « bon Maître » est celui qui enseigne par l’exemplarité de sa vie et par ses Paroles. Si nous lisons bien les Evangiles, nous ne pouvons que comprendre que les paroles du Christ collent toujours à la réalité de notre vie personnelle et sociale.

Jésus a enseigné ses apôtres et ses contemporains en s’impliquant, avec une très grande liberté, dans la vie sociale et religieuse de son époque. Jésus a enseigné en se moulant, en s’impliquant, en prenant position, en prenant des risques, en affrontant l’ordre établi imposé par les responsables politiques et religieux. Jésus n’a jamais été un « béni, oui, oui ». En agissant ainsi, Jésus nous a enseigné que la vie en société et que la foi en Dieu ne se réduisaient pas à une obéissance servile à des lois et à des rites.

Jésus a été et est encore pour nous un véritable MAITRE parce qu’il a enseigné par sa parole et tout autant par ses actes et ses engagements afin que le chemin de notre vie personnelle, familiale, sociale et ecclésiale soit un chemin éclairé par l’amour divin et humain  qui seul  permet à notre humanité de se construire comme une seule et grande famille universelle.

Etre Maître et Seigneur, quelle belle vocation, mais qui n’est pas chaque jour une partie de plaisir. Les prophètes de l’ancien testament en ont fait, eux aussi et avant Jésus, une expérience douloureuse.  Dans la figure du serviteur souffrant décrit dans la première lecture de ce dimanche, les premiers chrétiens et l’Eglise d’aujourd’hui voient la figure du Christ.

Nul doute que le Christ a souffert et cela parce qu’il aimait. Il a souffert de ses propres souffrances comme chacun de nous qui avons notre lot de souffrances personnelles. Mais le Christ a aussi souffert de la souffrance de ses contemporains. Et c’est ainsi que Jésus, le Maître par excellence, a su véritablement témoigner qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.

L’auteur de la lettre aux Hébreux, dans la 2ème lecture de ce dimanche, nous dit aussi quelque chose de très beau sur la manière dont le Christ a été et reste encore notre Maître : « Le grand Prêtre que nous avons (c’est le Christ) n’est pas incapable, lui, de partager nos faiblesses, en toute chose excepté le péché. »

Attention, le titre de « Grand Prêtre », donné au Christ n’est pas un titre hiérarchique comme pour les prêtres de l’Eglise Catholique d’aujourd’hui qui accomplissent un sacrifice liturgique et rituel. Un grand Prêtre, dans l’esprit et la pratique du Christ c’est celui qui fait de sa vie un don pour contribuer à la sauvegarde de notre humanité, de notre planète, de notre terre dans toutes ses composantes sociales, culturelles, religieuses.

Faire de notre vie une vie de « Grand Prêtre », à la suite du Christ, c’est notre vocation sacerdotale commune. A chacun de l’assumer le mieux possible sans se croire supérieur à qui que ce soit.

L’affirmation de l’auteur de la lettre aux Hébreux témoigne que le maître est celui se met au niveau de ses élèves pour les élever vers une vie meilleure, une vie mieux enseignée, bien nourrie culturellement et spirituellement. Pour un MAITRE, l’élève qui représente chacun de nous c’est celui à qui on apprend à s’élever en dignité, en capacité.

Pour les parents, élever leurs enfants c’est leur apprendre, non pas à obéir d’une manière servile, mais à s’élever, à savoir prendre dignement en main leur vie, apprendre à la construire sur de belles valeurs.

Le Christ, notre Maître et Seigneur, s’est véritablement abaissé jusqu’à nous, dans le plus bas de la condition humaine pour entraîner l’homme à se relever au plus haut, au plus digne de la condition humaine.

L’Evangile de ce jour nous rappelle que le disciple du Christ, et nous le sommes comme chrétiens baptisés, c’est celui qui n’a aucune d’autre prétention que de se mettre le mieux possible aux services des hommes.

Mettre notre vie au service des autres c’est l’unique manière de mettre notre vie au service de Dieu, au service de la sauvegarde et de la restauration de l’oeuvre de Dieu.

Retenons la dernière phrase de l’Evangile de ce dimanche qui est l’écho des paroles que le Christ  nous adresse  à chacun de nous qui nous disont chrétiens : « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançons pour la multitude ».

A chacun de nous d’être les témoins de cette Parole du Christ qu’humblement, avec la conscience de nos limites, nous avons mission d’actualiser, de rendre visible, audible et crédible grâce au témoignage de notre vie que nous nous efforçons de donner pour l’avenir de notre humanité, pour le salut du monde.

Comme dans la vie du Christ, des premiers chrétiens ainsi que dans la vie de toute personne humaine, il y a de la souffrance dans nos vies personnelles, familiales, sociales et même ecclésiales.

Mais il existe aussi des personnes qui, bénévolement ou professionnellement, comme les chercheurs, les médecins, les infirmières, les psychologues, les humanitaires soignent le corps, le cœur et l’esprit pour soulager les souffrants, et favoriser la guérison des corps et des cœurs personnels, mais aussi du corps social, y compris celui de l’Eglise meurtrie par la pédophilie.

Pour toutes ces personnes qui mettent leur intelligence, leur bénévolat ou leur professionnalisme au service de ceux qui souffrent personnellement, socialement, n’hésitons pas en ce dimanche à rendre grâce à Dieu.

Savoir rendre grâce à Dieu pour toutes ces capacités humaines à faire du bien, à soigner, à guérir…c’est vraiment une prière personnelle et communautaire dont Dieu  ne peut que se réjouir. Dieu est fier de constater  que des hommes et des femmes, baptisés et non baptisés,  sont, comme le Christ, capables aujourd’hui de donner de leur vie pour le salut, pour le bien des hommes et du monde.

Père RAGON Jean Jacques