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22ème Dimanche du Temps Ordinaire

22ème Dimanche du Temps Ordinaire

« Ce peuple m’honore du bout des lèvres, mais son cœur es loin de moi »

L’Evangile de ce dimanche  commence par une précision géographique et par une démarche vicieuse de contrôle : « les pharisiens et quelques scribes étaient  venu de Jérusalem ». Essayons de préciser et de comprendre le contexte.

Jérusalem, au temps du Christ, était la capitale religieuse de la religion juive, la religion du Christ, tout comme Rome depuis longtemps et de nos jours encore est la capitale religieuse du christianisme.

Ces deux capitales religieuses sont des lieux hiérarchiques où la priorité est souvent mise sur le légalisme plus que sur l’esprit. L’observance rigoureuse et légale des rites et des coutumes prime souvent sur la charité et l’ouverture de l’esprit et du cœur.

Dans l’évangile de Marc, chaque fois que Jérusalem est cité c’est toujours dans un sens hostile au Christ et hostile à la nouveauté de son message. Nous le savons, Jésus, tout en étant fidèle à sa religion, a cherché à la  dépoussiérer tout comme notre bon pape François s’efforce difficilement de faire le ménage dans la curie du Vatican. Les dépoussiérages institutionnels dans toutes les religions ne sont pas sans risque pour ceux qui en sont les auteurs. Le Christ, entre autre, en a payé le prix de sa vie.

Les pharisiens et les scribes dont il est question dans l’évangile de ce dimanche appartiennent au cercle légaliste de la religion juive de l’époque. Ils sont donc officiellement envoyés en Galilée, région loin de Jérusalem, où les habitants sont considérés par Jérusalem comme des mauvais croyants qui ne respectent pas rigoureusement les rites et les traditions. Mais ces émissaires sont envoyés surtout pour constater que l’enseignement de Jésus n’était pas conforme à l’enseignement religieux officiel et que ses disciples n’étaient pas respectueux des us et coutumes que tout bon juif devait respecter. La démarche des autorités venues de Jérusalem était donc motivée par le désir de prendre Jésus en défaut.

Bien évidemment, Jésus qui n’a pas langue de bois quand il le faut, n’est pas dupe sur les intentions de ces émissaires religieux. C’est pourquoi il les traite : « d’hypocrites » et leur envoie en pleine figure une citation du prophète Isaïe : « il est inutile le culte qu’ils me rendent ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. »

Comprenons bien cette scène d’évangile. Jésus ne conteste pas la pratique de se laver les mains avant les repas et en revenant du marché. Mais Jésus dit simplement qu’une règle d’hygiène élémentaire n’a pas à être élevée au niveau d’un rite religieux tandis que  pour les pharisiens le non respect d’un rite social ou religieux était considéré comme une offense à Dieu. Transposons la problématique dans le contexte sanitaire actuelle : Si communier en tirant la langue est devenu interdit c’est pour une question d’hygiène sanitaire et ce n’est pas offensé Dieu que de recevoir la communion dans la main, ce qui, entre parenthèse, est tout à fait conforme à ce que Jésus nous dit encore quand nous communions : « Prenez et mangez ».

A l’époque de la religion juive, il y avait 693 prescriptions dont le plus grand nombre était des interdits. La religion juive qui était celle du Christ était devenue une religion d’interdits et donc culpabilisante.  La longue histoire de notre Eglise témoigne que notre institution religieuse est elle aussi tombée parfois dans ce travers.

A l’époque du Christ, pour rester pur, un juif ne devait pas fréquenter un non juif ni certaines catégories de personnes. Lui Jésus n’a pas respecté cet interdit légal et religieux : il a fréquenté des pécheurs, des malades, Zachée le collaborateur, Marie Madeleine la prostituée, les lépreux, les étrangers, etc… Il s’est donc attiré les foudres des représentants de la religion officielle.

Voyez-vous, quand la conception et la pratique d’une religion, quelle qu’elle soit, y compris la nôtre, amènent les croyants à un tel rapport à Dieu et aux hommes, on peut comprendre qu’une telle religion ne puisse rien amener de bon à notre humanité qui avant tout a besoin d’actes de réconciliation, de justice, de paix et de fraternité.

Jésus est venu renverser la religion légaliste. Il l’a montrée en renversant les tables des marchands sur l’esplanade du temple, ce haut lieu spirituel de la religion juive de l’époque.

Jésus, un croyant en Dieu par excellence est resté toute sa vie un homme libre. Il a donc défendu ce jour là ses disciples contre des attaques légalistes ridicules. Par le fait même Jésus a pris la défense du commandement de l’amour pour qu’il ne soit pas remplacé par des traditions et des rites qui sont érigés en religion mais qui  n’ont rien à voir avec la louange que l’on peut faire remonter vers Dieu.

La vraie et éternelle et universelle tradition ce ne sont pas des habitudes, ni des coutumes, ni des rites institués au cours de l’histoire, mais le courant qui passe du cœur de Dieu au cœur de l’homme.

L’eucharistie que nous célébrons chaque dimanche devrait remplir notre cœur de l’amour qui jaillit du cœur de Dieu.

« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi ».

Pouvons-nous dire que cette parole ancienne du Christ ne s’applique pas à nous aujourd’hui ?

Jésus, par son enseignement et sa pratique de la charité a fait émerger une religion non institutionnelle.

Jésus a enseigné la religion de l’amour.

Jésus a pratiqué la religion de l’amour.

En tant que chrétiens, est-ce bien cette religion de l’amour que nous pratiquons ?

                                                                                              Père Jean-Jacques RAGON