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1er Dimanche de l’Avent

1er Dimanche de l’Avent

« Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route » (Ps. 24)

Comme à  l’entrée de chaque hiver nous avons tendance à rester enfermés sur nous-mêmes. La voix du prophète Jérémie qui va résonner dans nos églises paroissiales en ce premier dimanche de l’Avent est une invitation providentielle à sortir de nos torpeurs, de nos engourdissements humains personnels, sociaux, culturels, ecclésiaux, à sortir aussi  de nos peurs face aux atrocités de notre monde, face à tous les virus sanitaires et sociaux qui fragilisent  nos vies personnelles, notre vie ecclésiale, notre savoir vivre ensemble.

Nul prophète, plus que Jérémie, n’a eu conscience d’assister à la fin d’un monde : ainsi, vers 630 avant Jésus-Christ, Jérémie a la perception qu’Israël court à sa perte. Jérémie perçoit cette situation comme un effondrement. Il interpelle son peuple, ses dirigeants mais son appel n’est pas entendu. Mais Jérémie continue d’espérer en Dieu. Contre vents et marées, Jérémie livre son message qui reste d’actualité pour le monde bien perturbé et fragilisé qui est le nôtre : le dernier mot de l’histoire ne sera pas aux forces destructrices mais à la Vie, car le Seigneur est notre justice.

Face à ce qui  fragilise notre vie personnelle, sociale et ecclésiale de notre époque, faisons nôtre l’attitude qui nous est recommandée  par Saint Luc dans l’Evangile qui sera proclamé aux chrétiens rassemblés dans leurs églises paroissiales : «RESTER EVEILLES ». St Luc met ces paroles dans la bouche du Christ. Elles sont une invitation à ce que nous soyons des veilleurs dans le monde malade de notre temps. VEILLEUR, : le Christ l’a été pleinement dans le monde qui était le sien. Jésus-Christ a été un Veilleur, un Eveilleur de VIE. Mais ne confondons pas « ETRE VEILLEUR et ETRE SURVEILLANT. Jésus-Christ fut un veilleur impliqué dans la vie sociale et religieuse de son peuple, mais il ne fut jamais un surveillant.

Dans la pratique sociale, à l’école, dans le monde du travail, en prison évidemment, il y a des « surveillants ». Le surveillant c’est celui qui doit faire respecter les restrictions, les interdits. Ils surveillent pour que ne soient pas franchies les barrières – à ne pas dépasser sous peine de danger. Le comportement qu’adopte forcément le « surveillant a une tonalité de méfiance : une attitude contraire à l’attitude de « confiance ». faire confiance c’est une attitude de foi, foi en Dieu mais aussi foi en nos frères en humanité. C’est en adoptant une attitude de confiance, de foi que les peuples de la terre, dans le respect de leurs différences culturelles et religieuses, donneront un visage plus humain à notre  famille universelle.

Cette attitude de confiance est une attitude que nous devons adopter dans nos communautés chrétiennes qui sont constituées  de personnes qui ont forcément des sensibilités religieuses différentes. Il ne faut pas confondre « veiller à l’unité » et « veiller à uniformalité ». Faire confiance, se faire confiance c’est travailler à l’harmonie des différences. La seule manière objective de rendre grâce à Dieu dans nos assemblées liturgiques c’est de le faire dans une attitude qui consiste à veiller à ce que nos sensibilités religieuses forcément différentes ne défigurent pas l’esprit communautaire qui est primordial.

Dans nos liturgies, veillons à ce que chaque membre de la communauté se présente à Dieu avec un esprit de dialogue, de tolérance, de communion. L’AVENT liturgique doit être vécu dans nos communautés paroissiales comme un temps nouveau et renouvelé de la foi en Jésus-Christ, le VEILLEUR de l’humanité.

Pour des parents, leur mission est de veiller à  l’harmonie dans leur couple et entre tous les membres  différents de la famille qu’ils ont créée. Pour des parents, veiller à la vie précieuse de leur enfant c’est l’élever, comme le dit l’expression : « j’élève mon enfant ». Mais élever son enfant, c’est l’aider à franchir toutes les étapes successives et nécessaires de ses étapes de croissance. Elever un enfant, c’est veiller à sa vie pour qu’elle devienne non pas ce que nous sommes comme parents mais pour lui permettre de découvrir ce qu’il doit devenir. Elever un enfant c’est lui permettre qu’il dépasse ses parents en qualité humaines et spirituelles.

C’est ce que Jean-Baptiste a dit et fait pour préparer la venue du Christ ; « il faut que je diminue et que lui grandisse. »

C’est à la manière d’une mère qui veille sur la vie qu’elle a fait naître que Dieu a veillé et continue de veiller sur l’humanité.  C’est ainsi que le Christ a vécu son humanité : il a veillé sur ses contemporains en consacrant toute sa vie à leur service, pour qu’ils apprennent à vivre en complémentarité dans le respect de leurs différences. C’est la seule attitude possible pour pouvoir vivre notre vie humaine et personnelle en authentiques fils et filles de Dieu.

Luc l’évangéliste que nous écouterons tout au long de la nouvelle année liturgique que nous commençons en ce premier dimanche de l’Avent semble nous décrire la fin des temps comme une suite de catastrophes, une sorte d’anéantissement de la création. En fait, St Luc, à travers ces images catastrophiques veut nous dire que les craquements de la création, de l’histoire humaine sont la preuve que Dieu se fraie un passage au milieu des turbulences et des bouleversements du monde. L’Evangile de ce premier dimanche de l’Avent, loin de vouloir nous terroriser, nous appelle à l’espérance : derrière les forces de la mort qui semblent parfois dominer le monde et notre histoire personnelle, la gloire de Dieu nous est destinée. Ce passage de l’Evangile de Luc est une bonne nouvelle qui nous invite à nous mettre debout et à en aider d’autres à se relever.

Le temps liturgique de l’Avent nous invite donc à travailler, avec plus d’ardeur, à l’avènement  du Seigneur Jésus-Christ qui est venu dans les temps anciens marcher sur les chemins de Palestine et qui reviendra au dernier jour de l’histoire humaine pour rassembler tous les hommes.

Avec ce premier dimanche de l’Avent, prenons le chemin de l’espérance en la Vie plus forte que toutes les forces de mort. Prenons avec espérance le chemin pour accueillir dans nos vies personnelles, dans notre vie sociale et dans notre vie ecclésiale celui qui est l’espérance et l’avenir de notre monde : Le Christ Sauveur, hier, aujourd’hui et demain.

Père RAGON Jean Jacques